L'euthanasie, sujet d'une grande importance éthique, médicale et sociale, a fait l'objet d'un débat intense au Portugal ces dernières années. Cette pratique, qui consiste à mettre intentionnellement fin à la vie d'une personne pour soulager ses souffrances, a soulevé des questions sur l'équilibre entre l'autonomie individuelle et la sécurité.

La position traditionnelle du Portugal sur l'euthanasie a été fortement influencée par son héritage catholique, qui considère la vie comme sacrée et s'oppose à tout acte délibéré visant à y mettre fin prématurément. En tant que chrétien engagé, je partage le point de vue de l'Église catholique.

La perspective biblique

La Bible ne fait pas spécifiquement référence au suicide, bien que l'Église catholique enseigne que c'est un péché. L'Église anglicane adopte une position similaire. L'archevêque de Canterbury a qualifié l'idée de l'aide à la mort de "dangereuse" et a suggéré qu'elle conduirait à une "pente glissante" où de plus en plus de personnes se sentiraient obligées de mettre fin à leur vie par des moyens médicaux.


La situation juridique au Portugal

Le chemin vers la légalisation de l'euthanasie au Portugal a été semé d'embûches et marqué par de multiples tentatives législatives, reculs et révisions. En 2020 et 2021, le Parlement portugais a adopté des projets de loi légalisant l'euthanasie pour les personnes souffrant de douleurs intolérables ou de maladies en phase terminale. Toutefois, ces projets de loi se sont heurtés à la résistance du président Marcelo Rebelo de Sousa, qui a opposé son veto. Le président a fait part de ses inquiétudes quant à l'imprécision des définitions et à la nécessité de renforcer les garanties pour protéger les personnes vulnérables.

Suite à ce veto, la Cour constitutionnelle du Portugal a été invitée à évaluer la légalité et la constitutionnalité des lois proposées. La Cour s'est inquiétée des termes vagues utilisés dans la législation, en particulier des termes tels que "souffrance intolérable", et a demandé des lignes directrices plus claires.

Toutefois, la Cour constitutionnelle a estimé que le droit à la vie était presque universellement reconnu et que le fait que la CPP n'ait pas considéré ce droit comme un obstacle à la proposition de loi constituait un aspect essentiel de l'arrêt. Le juge João Pedro Caupers a expliqué que : Le droit à la vie n'implique pas le devoir de vivre en toutes circonstances [et que] les conditions dans lesquelles l'assistance médicale à la mort est légalement acceptable doivent être "claires, anticipées et contrôlables". Il appartient donc au législateur de définir ces conditions en toute sécurité pour toutes les personnes impliquées dans le processus".(Il s'agit d'une traduction de la décision de la CCP).

Si la loi autorise l'euthanasie, il est également important de noter que les spécificités et les détails de mise en œuvre sont encore en cours d'élaboration, la réglementation de la loi n'ayant pas encore été entièrement promulguée. Il n'est donc pas possible de déterminer avec certitude le nombre de personnes ayant effectivement subi une euthanasie au Portugal en vertu de la nouvelle loi.

La plupart des experts juridiques estiment que l'euthanasie est désormais autorisée au Portugal, mais qu'aucun médecin ne serait prêt à administrer les médicaments nécessaires.


L'euthanasie est impossible à réglementer

Les questions et les défis sont si nombreux qu'il est difficile de savoir par où commencer. Au Royaume-Uni, Dame Esther Rantzen est une militante acharnée de l'euthanasie. Ses propres problèmes médicaux l'ont amenée à souhaiter cette option pour elle-même et pour d'autres. Il y a deux ans, on lui a donné six mois à vivre ; elle est toujours en vie (et fait campagne). L'une des propositions juridiques de base est de limiter l'euthanasie aux personnes dont le pronostic vital est de six mois ou moins. Qui peut, en toute connaissance de cause, confirmer une limite de vie de six mois ? Il existe de nombreux autres cas de personnes dont le diagnostic indique qu'elles n'ont plus que six mois ou moins à vivre et qui vivent en réalité beaucoup plus longtemps.


Modifier la réglementation

Le Royaume-Uni est le dernier pays à poursuivre cette politique, mais, comme dans d'autres pays, les hommes politiques ne cessent de modifier les objectifs et d'affaiblir les garanties. Les responsables politiques britanniques ont approuvé l'avancement du dossier de l'euthanasie. Les garanties leur ont été présentées, la plus importante étant qu'un juge de la Haute Cour serait nécessaire pour approuver une demande d'euthanasie volontaire. Dès que le projet est passé au stade de la commission, il a été remplacé par un "comité" et non par un juge.

Au Canada, l'euthanasie, appelée assistance médicale à mourir (AMM), est légalement autorisée depuis 2016 et a fait l'objet de quelques modifications. En 2021, l'admissibilité a été élargie pour inclure les personnes qui éprouvent des souffrances intolérables en raison de conditions médicales non terminales. D'autres modifications, telles que l'inclusion potentielle de la maladie mentale comme seul critère, ont été examinées, mais la mise en œuvre a été retardée pour répondre aux préoccupations et assurer des garanties adéquates.

En d'autres termes, ce qui a été convenu au départ peut être modifié au fil du temps. Une fois franchi l'obstacle de l'acceptation par le gouvernement concerné, cela ne signifie pas que la loi ne sera pas amendée ou modifiée.


Autres questions critiques

La question qui me préoccupe le plus est celle du consentement. Quelles que soient les garanties, une personne qui estime être un fardeau pour sa famille peut être convaincue, ou se convaincre elle-même, que mettre fin à sa vie serait un soulagement pour sa famille. Avec toute la volonté du monde, elle peut être en mesure de convaincre les médecins ou les psychiatres qu'il s'agit de sa volonté, car dans un sens c'est le cas, mais ce n'est pas une raison pour se suicider.

Un autre problème a été soulevé : si un médecin évoque l'option de l'euthanasie à un patient souffrant de douleurs intenses et dont l'espérance de vie est limitée, le patient pourrait l'interpréter comme un encouragement à envisager cette option.

La question de l'euthanasie est un champ de mines moral. Non seulement pour la profession médicale, mais aussi pour les gouvernements, qui doivent légiférer en toute sécurité. C'est presque impossible. Aucun médecin ne peut prédire avec une certitude absolue la mort probable d'une personne dans les six mois.


Conclusion

Neuf pays européens ont récemment approuvé, sous différentes conditions, l'euthanasie. La Suisse, quant à elle, a approuvé l'euthanasie en 1942. En dehors de la Suisse, seuls les nationaux peuvent utiliser cette loi dans leur pays. La Suisse accepte les patients d'autres pays. L'euthanasie volontaire est le début d'une pente glissante qui mène à l'euthanasie involontaire et au meurtre de personnes jugées indésirables. Pire encore, l'euthanasie pourrait devenir un moyen rentable de traiter les malades en phase terminale. Tous les êtres humains doivent être valorisés, indépendamment de leur âge, de leur sexe, de leur race, de leur religion, de leur statut social ou de leur potentiel de réussite.

Cette "porte" n'aurait jamais dû être ouverte, mais maintenant qu'elle l'est légèrement, elle va lentement devenir grande ouverte. Ce n'est qu'une question de temps.


Author

Resident in Portugal for 50 years, publishing and writing about Portugal since 1977. Privileged to have seen, firsthand, Portugal progress from a dictatorship (1974) into a stable democracy. 

Paul Luckman